Economie circulaire, de fonctionnalité, régénérative, donut… décryptage Solucir de ces concepts tendance
Par Isabelle Clouet
Plus on avance dans la transition écologique, plus on voit apparaître de nouveaux concepts, qui deviennent un moment à la mode, puis sont remplacés par d’autres…
La tendance 2024, c’est la régénération, je suis une fashion-victime, je m’y suis mise aussi !
Pourquoi tous ces nouveaux concepts ? En fait, plus on avance, plus on se rend compte que le concept précédent ne suffit pas : du développement durable, on est passés à l’économie circulaire puis à la décarbonation, pour agir sur le cœur de métier de l’entreprise, et on parle maintenant d’économie régénérative car c’est bien beau de réduire les impacts mais en fait, il va falloir créer des impacts positifs nets pour vraiment sortir de l’ornière !
Décryptage Solucir de ces concepts
Economie circulaire
Economie d’usage ou de fonctionnalité
Economie régénérative
Economie du Donut
Economie circulaire
C’est repenser le cycle de vie des produits pour optimiser l’utilisation des ressources et également réduire les déchets ainsi que les impacts sur l’environnement. On repense donc le cœur de métier de l’entreprise depuis les approvisionnements, en passant par la conception et le mode de distribution du produit, en allongeant la durée d’usage pour réparer, réemployer, réutiliser et on finit par recycler et réintroduire les ressources dans de nouveaux cycles de vie.
On crée des boucles vertueuses d’utilisation de la matière, en prenant modèle sur les cycles biologiques ! Dans la nature, pas de déchets, rien ne se perd, tout se transforme.
Oui mais… on peut faire de l’économie circulaire sans régénérer le vivant et en gardant toujours un impact négatif net sur les écosystèmes, notamment si on reste dans une logique volumique .
Economie d’usage ou de fonctionnalité
L’un des axes de l’économie circulaire, celui qui procure le levier le plus efficace, mais aussi le plus compliqué à mettre en œuvre et donc le plus émergent. Plutôt que de vendre le produit, l’entreprise passe à la vente de l’usage. Dans le cas d’une voiture, on passe par exemple à l’autopartage (modèle de notre adhérent Citiz) où l’entreprise propose des abonnements pour utiliser le véhicule adapté au besoin du moment sur la période juste nécessaire. La valeur est créée en maximisant l’usage du produit et non en vendant le maximum de produits. On sort alors de la logique volumique et on arrive alors à de vraies réductions de l’impact !
Economie régénérative
L’économie régénérative vise à réduire les impacts négatifs de l’entreprise sur les écosystèmes mais surtout à créer des impacts positifs nets.
Régénérer, mot tarte à la crème car comment est-ce possible pour une entreprise ?
Qu’on se le dise : la régénération est une propriété exclusive du vivant.
Seules les entreprises en lien direct avec le vivant (agriculteur, société d’espaces verts, exploitant forestier…) peuvent donc réellement prétendre à viser la régénération des écosystèmes. Pour les autres, elles pourront agir de façon indirecte, en travaillant avec leur écosystème en lien avec le vivant. Le terme exact proposé par Lumia est « Entreprise contribuant à la régénération socio-écologique ». Pour faire simple, on gardera le terme « Entreprise régénérative » mais à manier avec prudence.
L’économie circulaire est un donc un levier de l’entreprise régénérative, qui permet d’optimiser les ressources ou de sortir de la logique volumique grâce à l’économie de fonctionnalité.
Au-delà de régénérer l’environnement, l’entreprise régénérative s’attachera également à régénérer le vivant humain, donc ses collaborateurs et parties prenantes, en s’appuyant sur les principes du vivant (ex : développer les talents et s’appuyer sur la singularité de chacun, permettre à leur créativité de s’exprimer).
Economie du Donut
Comme son nom ne l’indique pas, ce n’est pas l’économie du beignet, relativement tendance également en ce moment, mais une théorie développée par l’économiste anglaise Kate Raworth qui utilise le donut pour illustrer le cadre dans lequel l’économie devrait se placer pour créer un espace sûr et juste pour l’humanité. Au regard des concepts exposés ci-dessus, elle fixe les bornes de l’économie : respect des limites planétaires mais également respect des planchers sociaux (ex : un logement, de quoi manger, des revenus suffisants, un bien-être au travail…).
En repensant la conception et le cycle de vie des produits, l’économie circulaire et régénérative est un levier fondamental qui permet de contribuer à respecter le plafond environnemental.
Pour finir sur les concepts tendance, et la décarbonation dans tout ça ? C’est un des leviers d’actions, mais sur un seul des impacts : le carbone ! Donc indispensable mais insuffisant, et attention à ne pas en faire un mono indicateur, au risque d’augmenter l’impact de l’entreprise sur l’utilisation de ressources critiques, sur la préservation des sols ou de la biodiversité. Pour creuser le sujet, voir l’article de Mélisse sur la décarbonation en 2023.
Le point commun à tous ces concepts (on pourrait en ajouter d’autres comme l’économie symbiotique, l’économie bleue…) : ils nous amènent à des degrés différents, fonction de la maturité de l’entreprise, à repenser la façon dont nous produisons, nous travaillons et collaborons, et à innover, pour prendre davantage en compte le vivant (dont nous faisons partie) et notre environnement.
Sources :
Etude Lumia « L’entreprise à visée régénérative – fondamentaux et exemples de pionniers – Janvier 2024 »
« La théorie du Donut – L’économie de demain en 7 principes » – Kate Raworth