Retour sur les Petits-Déj’ Mensuels : Juin 2022 │ Écoconception
Saviez-vous que 80% de l’impact environnemental d’un produit est défini à la conception ?
Pour échanger sur le sujet, SOLUCIR avait convié 2 experts du sujet : Joachim Jusselme, ingénieur écoconception aux Arts & Métiers Chambéry et Bruno Chataignon, dirigeant de l’entreprise PICBOIS, fabricant de signalétique touristique et mobiliers de loisirs. Nous avons été accueillis à Belmont Tramonet, au Syndicat Mixte de l’Avant-pays savoyard.
Joachim Jusselme le confirme, c’est au moment de la conception que l’on dispose du maximum de leviers pour agir, voir même en amont dès la phase de spécification du produit.
Il faut penser tout le cycle de vie du produit ou du service et intégrer une approche globale & systémique des enjeux : on parle beaucoup de réchauffement climatique et d’empreinte carbone, mais ce n’est pas le seul impact environnemental. Il y a aussi la disponibilité des ressources, l’impact sur les écosystèmes et sur la santé humaine par exemple.
Pour valider les décisions et pouvoir communiquer sur la performance environnementale, le mieux est de réaliser une analyse de cycle de vie (ACV).
Cet outil propose une approche scientifique & quantitative qui permet de comparer les impacts environnementaux entre plusieurs solutions, de détecter d’éventuels transferts d’impact mais aussi d’établir des résultats transparents & vérifiables.
C’est un outil d’aide à la prise de décision mais qui a aussi ses limites :
- il peut être difficile de collecter les données (notamment des produits concurrents) pour avoir des informations représentatives
- l’entreprise est amenée à prendre de hypothèses d’usage sans savoir ce qui va réellement se passer.
Au final, il n’y a jamais de solution idéale ou de solution sans impact, c’est souvent un compromis à trouver et un arbitrage à réaliser entre différentes priorités.
Joachim Jusselme a illustré ces propos en présentant les résultats d’une ACV réalisée à la demande d’un hôtel pour comparer un bonnet de douche jetable ou réutilisable. Contrairement aux idées reçues, le bonnet réutilisable avait finalement plus d’impacts que le bonnet jetable jusqu’à un certain nombre d’utilisations à partir desquelles il commençait à devenir vraiment intéressant.
Après cette introduction sur les ACV, Bruno Chataignon, PDG de Pic Bois, nous a fait part de son retour d’expérience. L’entreprise est spécialisée dans la signalétique touristique & le mobilier de loisirs. Elle compte 80 personnes, réparties sur 7 sites en France, pour 10M€ de chiffre d’affaires.
Cette démarche d’écoconception a été lancée il y a déjà de nombreuses années dans l’entreprise, d’abord avec une certification ISO 14 001 et l’utilisation de bois issu de forêt PEFC.
L’entreprise a lancé l’écoconception car c’était inscrit dans son ADN mais aussi dans une optique de différenciation de la concurrence. Elle a utilisé à cet effet l’outil Bilan produit de l’Ademe.
Un exemple de produit écoconçu par l’entreprise : une table de pique-nique pour les collectivités.
Au final, le système constructif a été décliné sur toute une gamme :
- utilisation de rondins de bois pour réduire les chutes
- limitation de l’utilisation du métal pour faciliter le recyclage en fin de vie (juste 8 vis dans la table)
Cette gamme a bien fonctionné et a permis à l’entreprise de créer des emplois.
Après cette première expérience réussie, PicBois a décidé d’aller plus loin en se demandant « c’est quoi un meuble écoconçu ? »
L’entreprise a utilisé le principe de l’unité fonctionnelle pour y réfléchir = quel est le service rendu par le produit & sur quelle durée ? Elle a abouti à un meuble démontable et évolutif grâce à des connecteurs brevetés.
La vision : créer un produit standard comme les Légos, qu’on ne jette jamais et qui passent de mains en mains au fil du temps.
La gamme Cubethic est commercialisée notamment auprès des écoles, avec des résultats plus nuancés que la gamme précédente.