Conférence


« Entreprendre dans l’économie circulaire »


Jeudi 22 Septembre, nous avons animé
, dans le cadre de la journée porte ouverte du Pôle Entrepreneurial, une conférence sur la thématique « Entreprendre dans l’économie circulaire » avec : 

Emilie Vuillequez de SkiTEC – qui souhaite revaloriser 20% des skis qui partent en enfouissement (soit 100 000 skis / an) en mobiliers ou structures type abri à vélo

Juliette Maquaire de Jeu Change  – qui a développé une plateforme en ligne pour favoriser le réemploi du jouet.

Une conférence 0% blabla et 100% vécu pour reprendre les termes d’Emilie. Car pour entreprendre dans l’économie circulaire, on estime qu’il faut être un peu zinzin… Pourquoi cela ? Car déjà, l’acte d’entreprendre en soi requière beaucoup d’énergie pour faire aboutir son projet. Alors entreprendre dans l’économie circulaire, c’est potentiellement se rajouter des contraintes concernant :  

  • Son modèle économique : en général, personne n’a fait cela avant donc il faut essuyer les plâtres et être agile pour trouver un modèle économique viable. Jeu Change par exemple, en complément de la plateforme, développe des prestations à destination des collectivités et des entreprises pour favoriser la collecte des jouets qui ne sont plus utilisés et capter ainsi le gisement quand il est encore réemployable (comprendre, avant qu’il finisse dans la benne en mélange avec plein d’autres choses…). Skitec précise que, s’ils bénéficient d’une matière première « gratuite », cette gratuité est compensée par le fait qu’ils ont un taux de main d’œuvre pour transformer les skis en objet qui est importante et qu’il faut pouvoir valoriser dans le prix final.
     
  • La création de nouveaux métiers : Faire des structures constructives type abri à vélo avec des skis, ça n’a jamais été fait… SkiTEC a donc dû trouver un ingénieur structure qui défriche le sujet. Mais c’est aussi ça qui rend l’aventure passionnante ?.
     
  • Débouchés & ressources non standardisés : lorsque vous travaillez sur des matières réemployées, vous n’avez pas toujours le bon volume / qualité dont vous avez besoin pour « industrialiser » votre process. Il faut donc être ingénieux pour « standardiser » les volumes collectés. De même pour vos débouchés, vos clients, il faut souvent aller chercher les « early adopters » (référence à nos vieux cours de marketing…) qui ont envie de vous suivre dans votre innovation.
     
  • Logistique & stockage : bon, ça ce n’est pas spécifique à l’économie circulaire, mais quand SkiTEC stocke 15 000 skis, et bien, il faut de la place et ça coûte de l’argent. Or sur notre beau territoire, le foncier est une denrée rare… 
  • La filière : chaque filière a un niveau de structuration différente et donc il faut se poser la question de sa maturité avant de se lancer. Jeu Change se positionne comme facilitateur pour aider à la structuration d’une filière locale sur le secteur du Jouet, filière où une REP (responsabilité élargie du producteur) est en train de se mettre en place. 
  • Niveau d’exigence & recherche d’impact : lorsqu’on est une entreprise à impact, on attend souvent de nous qu’on soit exemplaire sur tous les sujets (alors que vous remarquerez qu’on n’est pas du tout exigeant vis-à-vis d’H&M par exemple – petit clin d’œil à Thomas Huriez qui nous avait partagé cet étonnement, de la marque de jeans made in France 1083). En tant qu’entreprise circulaire, il faut savoir où sont nos priorités car mettre tous les curseurs à 100% risque de vous mettre trop en contrainte et mettre votre modèle économique en tension. Emilie nous a raconté que pour leur mobilier, ils ont cherché à utiliser du bois de réemploi en complément des skis. Mais la filière n’est pas assez structurée pour fournir leur « pourtant petits besoins en bois ». Ils ont interrogé leurs clients et se sont rendu compte que leur attente portait sur le réemploi du ski mais pas nécessairement du bois. 

Ce partage d’expérience a surtout pu mettre en exergue le fait que nous avions face à nous deux entrepreneuses passionnées, qui font tout cela avec le cœur et parce que ça fait sens. Et c’est bien cela le carburant qui leur permet de relever tous ces défis !